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Avec le loup « l’Alpe est un alpage foutu ».

Nous en parlons régulièrement dans nos actualités ( Une attaque de plus, une attaque de trop; Le loup dans le Loir-et-Cher etc…), le retour du loup pose aujourd’hui de nombreux problèmes. Cette présence du grand carnivore pèse désormais sur l’avenir de la vie pastorale dans les Hauts de Chartreuse. Cette année, durant le mois de juin, deux éleveurs ont quitté précipitamment l’alpage en raison du loup. Ils n’y sont pas remontés de la saison et n’y grimperont sans doute, plus jamais.

Retour sur un été meurtrier

Le dauphine libéré est parti à la rencontre de Jean Locatelli, 70 ans, éleveur d’ovins, pour lui ce n’est pas un métier, c’est toute sa vie. Le 13 juin, le temps n’est pas à la fête, un jour glacial et pluvieux, l’homme est épuisé par les longues nuits sans sommeil à cause de la présence du loup. Cet éleveur, à l’horizon brouillé par les larmes versées, a vu ses bêtes se faire massacrer. Impuissant il n’a aujourd’hui, plus d’espoir de revoir ce bel alpage qui l’a vu devenir l’éleveur qu’il est. Dès 6 ans il suivait ses parents sur les hauts plateaux d’Alpes, ce paradis qu’il aimait tant, pour sa beauté, pour son histoire, est aujourd’hui son enfer.

L’homme a fait ses comptes, après ce qu’il s’est passé cet été le loup ne lui a pas croqué 74 brebis et agneaux, mais près de 25 000 euros d’économie. « C’est un véritable désastre » soupire l’éleveur, qui n’a eu d’autre choix que de jeter l’éponge. Cet été si particulier, a privé ses animaux de l’herbe grasse et tendre de l’Alpe. Étant donné que le loup est présent il a fallu parquer les parcelles, puis la sécheresse s’est invitée. Les pâturages on littéralement grillé, l’éleveur a dû acheter du fourrage.

Pour Jean Locatelli, l’avenir de la vie pastorale dans les Hauts de Chartreuse est compromis. Gérard Berthet, président du groupement pastoral témoigne  » Franchement, l’Alpe est un alpage foutu. La moyenne d’âge est de 60 ans. Dans 10 ans, il n’y aura plus personne. Avec la présence du loup, plus aucun jeune éleveur ne voudra venir ici. Et puis, sans les ovins, il va se refermer, c’est déjà le cas sur le Pinet « . Qui dit milieu qui se ferme, dit espèces qui vont disparaître. Et on nous vante le loup comme garant de biodiversité mais c’est tout l’inverse en fait. La singularité géologique ne joue pas en faveur des éleveurs, ici, il n’est pas facile de protéger les troupeaux qui bougent en permanence pour brouter la meilleure herbe. Le président de l’association explique qu’il faudrait quatre cabanes, afin que les flancs de l’alpage puisse être gardés au mieux. Jean Locatelli surenchérit  » Le loup étant protégé, pas nous, on ne fait plus le poids. On s’est fait une raison, le parc ne veut plus de nous là-haut « .

Tout le monde s’interroge sur l’avenir des éleveurs dans l’alpage

Paul Petzel, président du groupe éponyme, leader mondial du matériel de montagne, s’interroge lui aussi sur l’avenir de la place de l’élevage dans les alpages.  » Est-ce que le parc aura le courage de préserver, aussi, les éleveurs, qui vont progressivement abandonner les hauteurs car ils ne sont pas entendus, parce qu’ils ne sont presque rien dans le projet du parc ?  « . Certains éleveurs en France ont fait le choix d’avoir des patous afin de protéger leurs troupeaux, ce qui n’est pas le cas à l’Alpe. En effet ces chiens posent des problèmes avec les promeneurs et randonneurs dans ce massif si fréquenté. Paul Petzl conclut « Si le parc prenait aussi des positions pour préserver les éleveurs en régulant certains prédateurs, je pense que je recommencerai à croire que nous sommes aussi solidaires des plus faibles, des plus pauvres et que nos actions du bien-pensant populaire ne sont pas pour une grande partie de la communication politique « . A bon entendeur donc.

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