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Disparition du Grand Tétras dans la forêt de la Haute-Joux.

C’est une terrible nouvelle pour cette espèce. Le Grand Tétras, aurait disparu de la forêt de la Haute-Joue, massif qui a toujours abrité quelques individus. Alors que les effectifs sont en baisse dans le Jura, la disparition du galliforme dans ce secteur est un grand coup de massue.

Une espèce fragile

En partenariat avec de nombreux acteurs du monde environnemental, la fédération départementale des chasseurs du Jura, l’office national des forêts, l’office français de la biodiversité ainsi que le groupe Tétras Jura ont entamé et réalisé les reconnaissances hivernales. Avec 17 participants, les acteurs présents ont pu prospecter jusqu’à 800 hectares de forêt dans la journée. Cette opération, réalisée sur une zone non-prospectée depuis une dizaine d’années (afin de ne pas déranger l’espèce), a eu pour but de récolter des données pour faire un état des lieux de la population des grands Tétras sur le secteur.

« Nous n’avons pas constaté la présence du Grand Tétras, ce qui confirmait nos craintes premières. A ces altitudes, vers 1 000 mètres, et c’est vrai pour l’ensemble du massif jurassien, nous sommes dans une situation de déclin de l’espèce ». Alexandra Depraz,coordinatrice du groupe Tétras Jura

L’opération s’effectue sur la neige, car le but n’est pas de voir des individus, mais de rechercher des indices de présence, notamment les déjections. Malgré les recherches conduites dans une zone non dérangée depuis une dizaine d’années, aucun indice n’a été noté.

De faibles effectifs éparpillés

L’aire de présence du galliforme est relativement stable depuis presque 30 ans dans les Pyrénées, mais elle a énormément régressé depuis les années 1990 dans le Jura et dans les Vosges. En Haute-Savoie, celle-ci a totalement disparu malgré l’observation d’une femelle en 2010. Ainsi en France, les effectifs de grands Tétras s’élèvent à environ 4 000 / 5 500 adultes (chiffres OFB) avec une répartition très inégale. 3 500 – 5 000 oiseaux dans les Pyrénées, 300 dans le Jura, 200 dans les Vosges et 30-50 dans les Cévennes.

Aire de répartition du Grand Tétras, source Observatoire Galliformes des Montagnes.

Pourquoi une telle disparité ? Pour Alexandra Depraz, beaucoup de facteurs entrent en compte. « Si les habitats forestiers restent en relativement bon état, on constate qu’au fur et à mesure de leur déclin, les populations de grands Tétras se sont isolées les unes des autres. Ce sont des massifs qui ont toujours été moins dynamiques. Chaque année, les populations s’effritent, les vieux individus disparaissent et ne sont pas remplacés par de jeunes oiseaux. Ils naissent dans des massifs « coeurs » situés plus hauts en altitude où ils restent isolés géographiquement. C’est une chose que l’on constate dans la totalité des massifs périphériques jurassiens. Par contre, on a des jeunes individus qui se baladent dans ces secteurs-là mais ils ne semblent pas y cantonner ».

Les menaces concernant l’espèce

Espèce fragile et sensible au dérangement le Grand Tétras est soumis à de nombreuses menaces qui sont loin d’être en lien avec le milieu cynégétique.

Voici les menaces pesant sur l’espèce :

  • perte et dégradation de ses habitats du fait des changements des modes de gestion forestière et pastorale ;
  • augmentation du dérangement, notamment en hiver et au printemps à cause de la fréquentation touristique qui va jusqu’à provoquer l’abandon des sites favorables à la reproduction ;
  • augmentation de la prédation (lynx, loup);
  • mortalité par collision dans des câbles aériens et des clôtures (rendues obligatoires du fait de la présence du loup) ;
  • ainsi que les changements climatiques soupçonnés d’être responsables d’une baisse de succès de la reproduction. 

Là où elle est chassée, l’espèce se porte mieux.

Les fédérations de chasse sont sensibles à son état de conservation et mettent tout en œuvre afin de sauvegarder l’espèce et son espace vital. Protégé dans l’Est de la France, le galliforme est considéré comme gibier dans les Pyrénées françaises. Seul les coqs peuvent être chassés. Le Grand Tétras est soumis à un plan de chasse. Chaque année en fonction des comptages, de la reproduction, un certain nombre d’individus (mâles uniquement) peuvent être chassés. Le monde cynégétique contribue donc à la sauvegarde de l’espèce notamment dans les Pyrénées ; les travaux et les suivis qui y sont menées montrent depuis quelques années un effectif stable.

La démonstration est ainsi faite qu’allier chasse, mesures de sauvegarde et suivis permet de préserver une espèce alors qu’elle est en déclin dans d’autres secteurs en France où elle n’est pas chassée.

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