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Scandale en Alsace, l’ONF veut la disparition du cerf et du daim !

Le 5 février 2021 par Julien Picot, Richard Locatelli, Olivier Schildknecht.

Le chasseur joue un rôle essentiel dans la régulation des populations pour le bien des espèces et des milieux. En ce qui concerne le cerf, les animaux prélevés doivent répondre à un certain nombre de critères afin de garantir une population saine, avec un équilibre entre les sexes, et une bonne représentation de toutes les classes d’âge avec notamment des animaux adultes.

L’Alsace est d’ailleurs de loin la plus rigoureuse sur ce dernier point au niveau national et les Nemrods régionaux y sont très attachés. L’administration et l’ONF en revanche veulent s’affranchir de ces règles éthiques (et scientifiques) car obsédées par la politique du nombre d’animaux à abattre. L’arrêté préfectoral du premier février 2021 est le symbole même de cette volonté de destruction des cervidés. Avec cette ratification et malgré la vive opposition des chasseurs, il prolonge (impose) d’un mois la chasse sur des animaux déjà épuisés par des conditions hivernales apocalyptiques et autorise en plus le tir de nuit avec une lampe, du jamais vu ! En l’absence de résultat, c’est le risque de subir des battues administratives qui planent sur les lots en question. Dans le rang des chasseurs c’est l’indignation la plus totale et tous sont d’accord pour affirmer que ce n’est plus de la chasse mais une extermination programmée. L’objectif visé pour la saison de 2020/2021 est de 2176 animaux à abattre coûte que coûte, rien que pour le Haut Rhin. Le monde cynégétique refuse de devenir le bras armé de l’administration et de l’ONF qui les envoient faire le sale travail pendant qu’elles s’assurent une bonne image auprès de la population par une propagande éhontée. Plus nous serons nombreux à dénoncer cette barbarie, plus nous aurons de chances de nous faire entendre. Pour le bien du cerf…

Voici d’ailleurs le communique de la fédération de chasse du Haut Rhin qui appelle les chasseurs à ne pas participer à cette entreprise. (NDLR)

communiqué-de-presse-du-4.2.2021

Plaidoyer pour le cerf.

Il est rassurant de constater que depuis quelques années il y a un vrai retour à la nature, une sensibilisation au réchauffement climatique et à la disparition des espèces. Il est néanmoins regrettable qu’une grande partie de la population ignore que de tels drames se passent parfois juste à côté de chez eux. C’est le cas notamment du cerf qui est actuellement dans le collimateur de nombreuses personnes qui souhaiteraient bien s’en débarrasser car ils l’accusent à tort de bien des maux. 

Le cerf est l’un des derniers symboles d’une nature authentique et sauvage, il est malheureusement devenu aujourd’hui le bouc émissaire par excellence d’une partie de l’administration parmi laquelle la Direction Départementale des Territoires, des forestiers et de quelques représentants du monde agricole. 

Il est notamment accusé d’être un problème majeur pour la régénération naturelle des forêts par les dégâts qu’il occasionne. La réalité, celle qui dérange (!), c’est qu’il est bien moins responsable de ces dégâts que les décennies de pratiques sylvicoles désastreuses, incohérentes et surtout incompatibles avec les impératifs fondamentaux de nos milieux naturels. En 1999 on nous expliquait que l’énormité des dégâts subis par la tempête était lié à l’enrésinement du massif vosgien par la faute du cerf, aujourd’hui on veut nous faire croire que les mêmes cerfs empêchent le développement du sapin, du douglas et de l’épicéa.

La forêt est désormais considérée par la filière bois comme une usine de production à ciel ouvert où tout ce qui représente un frein à la rentabilité financière doit être éradiqué. Gardons à l’esprit que l’ONF est en proie à de très graves problèmes financiers avec un déficit de plusieurs centaines de millions d’euros que l’Etat souhaite à tout prix effacer. 

Pour lutter contre la propagande délétère et caricaturale mais bien huilée de l’ONF, il convient de rappeler certaines choses qui doivent faire écho chez chacun d’entre nous. 

  • N’oublions jamais que l’un des rôles premiers d’une forêt est de nourrir la population animale qu’elle abrite. Cette capacité naturelle d’accueil est aujourd’hui mise à mal par la disparition des essences sylvicoles (bouleau, sorbier, saule…) et autres espèces florales qui ne présentent pas d’intérêt économique pour le gestionnaire alors même qu’elles entrent en grande partie dans le régime alimentaire des cervidés. De nombreux scientifiques expliquent l’importance d’un retour à une vraie futaie irrégulière, inéquienne, à essences multiples et hétérogène dans sa verticalité afin de permettre une richesse écologique qui s’étend du sol à la canopée. Exit donc les peuplements monospécifiques qui représentent de véritables déserts biologiques.
  • Comme toute proie, le cerf est régit par la double nécessité de se protéger et de se nourrir. Pour limiter son impact sur les jeunes végétaux, il est fondamental de lui permettre un accès à des ressources alimentaires suffisantes par l’intermédiaire d’aménagements spécifiques et surtout de lui garantir une quiétude optimale. Par ailleurs, on ne peut pas lui reprocher d’abroutir ou d’écorcer quelques arbres alors même qu’il ne fait que répondre à des impératifs écologiques et éthologiques propres à son espèce. L’animal doit être considéré comme une composante essentielle de la richesse de nos écosystèmes auxquels il contribue et surtout pas comme une variable contraignante comme tentent de le justifier de manière mensongère les forestiers.
  • Nos massifs forestiers sont devenus des territoires à enjeux multiples et souvent contradictoires (écologiques, touristiques, économiques, de loisirs…). L’accessibilité aux zones même les plus éloignées est facilitée par un réseau anarchique de chemins qui a définitivement éventré les coins les plus sauvages, sans parler des nouveaux moyens de déplacement à l’image des vélos électriques ou des raquettes qui permettent à tout à chacun d’aller où bon lui semble. L’idée n’est pas d’interdire ces activités mais de s’interroger sur la façon de les pratiquer. De la même manière, on ne peut que regretter la pression mise sur les populations au moment du brame et lors de la perte des bois pour les mâles par des personnes qui ne se montrent pas toujours très respectueuses des animaux. Il en est de même avec les travaux forestiers au printemps qui sont extrêmement anxiogènes pour les biches gestantes qui s’apprêtent à mettre bas. Il faut comprendre qu’une espèce comme le cerf, sensible au stress, aura tendance à se regrouper par instinct pour répondre au dérangement, le plus souvent sur de petites surfaces, denses mais peu appétentes et occasionnant de fait des dégâts qui pourrait être facilement évités.

Devenu indésirable en forêt, non souhaité sur les prairies de montagnes voilà qu’on lui refuse également un retour en plaine, en l’état actuelle des choses, l’avenir du cerf est bien sombre !

Mais malgré ce tableau peu réjouissant, rien n’est perdu d’avance. Le monde sauvage a une capacité de résilience bien au-delà de ce que l’on peut imaginer et Cervus Elaphus tout particulièrement. 

Plus nous serons nombreux à travailler ensemble et dans ce sens plus nous aurons de chance de nous faire entendre afin d’assurer la survie de l’espèce cerf. Pour réussir il convient de mettre de côté les querelles entre anti chasse et pro chasse, car elles ne font que desservir la cause des cerfs pour laquelle nous avons tous envie de plaider. Mettons de côtés les a priori et autres images caricaturales que nous avons les uns des autres car nous sommes tous motivés par un but commun. 

Pour l’avenir du cerf, nous tous, passionnés par cette nature quel que soit le prisme à travers laquelle nous la voyons et la vivons, devons faire fi de nos divergences et nous assurer une prise de conscience rapide et forte du plus grand nombre sous peine de devoir expliquer à nos enfants et petits-enfants pourquoi le cerf, roi des forêts, aura disparu de nos régions dans l’indifférence la plus totale. 

 

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