La viande de gibier à l’honneur : avantages, défis et impact sur l’avenir de l’alimentation
Ibex au Kirghizstan. Un beau récit de chasse.
- Franck Poirson
- octobre 3, 2020
Tout à commencé un an environ avant notre départ … ma rencontre avec Alex déclenche le projet de monter une expédition au Kirghizstan. Nous décidons de partir pour le début septembre de l’année suivante afin d’avoir les meilleures conditions possibles et être un maximum de temps sur le terrain. Anthony décide de prendre part au projet et de nous rejoindre dans l’aventure.
Après une grosse préparation physique, au tir et à la pratique du cheval, c’est avec la tête remplie de rêves, d’envie et de grands espaces que nous prenons l’avion ce matin de septembre 2018 non sans quelques péripéties concernant l’importation de nos armes.
En effet, du fait de l’organisation des jeux nomades ayant lieu à la même période dans ce pays, le gouvernement local décide à la dernière minute d’interdire l’importation des armes dans le pays. C’est un gros coup dur pour nous mais grâce au travail fourni par notre structure et celle de notre guide local, nous parvenons à obtenir les précieux sésames ! Nous serons d’ailleurs les seuls à l’avoir car lors de notre arrivée sur place, un prestataire semble étonné de nous voir avec nos armes vu qu’il n’en a pas obtenu et les autorités douanières locales également semblent toutes étonnées.
Le séjour démarre donc sous les meilleures auspices et nous prenons la route des monts célestes dans la région de Naryn.
Après 8h de route nous arrivons au campement de base situé à 3000m d’altitude au pied de la zone de chasse de 89000 ha. Décision est prise de prendre l’option du campement itinérant pour pratiquer notre chasse dès le lendemain car les conditions sont difficiles pour voir les animaux. Il fait très chaud, sec, et les animaux sont remontés très hauts sur la zone … il nous faudra monter sur les hauteurs et cela représente 1 journée de cheval pour s’y rendre. Dès le lendemain nous nous mettons en route après le réglage des armes afin de placer notre campement avant la nuit.
Nous arrivons au crépuscule et installons les tentes… ça y est, nous sommes dans le bain et il est prévu de rester sur le terrain entre 3 et 4 jours maximum… en réalité ce sera le séjour complet! 7 jours, 6 nuits d’espoirs, de doutes, de joies, de peines, de douleurs et de délivrance… un record pour le campement! Jamais aucun groupe ne l’avait fait auparavant mais notre volonté et la fraternité dont nous avons fait preuve avec nos guides kirghizes nous ont permis de tenir en nous serrant les coudes.
Je vous passerais les longues chevauchées dans les montagnes, les passages périlleux, les traversées de rivières, les longues séances de jumelage en vain, les séances d’affût sur les zones de gagnage dans l’espoir que les animaux sortent des falaises dans lesquelles ils sont réfugiés… Après 3 jours sans résultats probant, excepté Anthony qui saura saisir sa chance sur un animal fuyant dans le crépuscule après une longue approche ou plutôt devrais-je dire escalade pour se mettre en position de tir et conclure à près de 300m sur un animal en mouvement qui lui vaudra le surnom de sniper par les guides, nous décidons de changer de tactique et d’aller les chercher là où ils sont: dans les falaises! Notre guide nous dit qu’ils restent à l’ombre toute la journée et ne sortent que très tard le soir ou très tôt le matin voire la nuit et donc qu’il faudra allez les coincer là où ils sont la journée pour avoir une chance. En ce matin du 5ème jour nous arrivons dans une vallée propice à la présence d’animaux et en effet, au premier jumelage nous observons des animaux en train de viander… nous sommes à bon vent et décidons de monter dans les pentes pour les surprendre d’en haut et avoir une occasion.
Malheureusement le vent tourne et tout le monde remonte dans les falaises… Tout ses efforts encore une fois pour rien!
Le guide nous propose de redescendre dans la vallée et de tenter une approche dans les falaises par l’autre versant … au risque une nouvelle fois d’échouer selon les variations de vent et des difficultés d’escalade rencontrées.
Nous n’hésitons pas une seule seconde et prenons la direction des hauteurs. 4 heures, 4 heures de calvaire, de glissades, de doutes,… le sang tape dans les tempes et la migraine monte avec l’altitude … nous sommes au delà des 4000m et le souffle est court, nous sommes enfin sur les crêtes et repérons des jeunes animaux et femelles. Ils risquent de nous repérer et nous devons attendre qu’ils se déplacent hors de notre vue pour continuer à avancer et essayer d’accéder à un poste d’observation sur le point haut. C’est chose faite une heure après et alors que nous approchons du surplomb, la tension monte… Alex arme sa R8 en 7Rm et nous rampons ensemble jusqu’au rocher où nous pourrons prendre appui … à peine arrivé je vois de suite un superbe mâle couché sur une plateforme de la falaise. J’indique 208m à Alex qui prend son appui, Anthony est derrière moi et prépare également sa R8 en 300 au cas où une occasion se présente pour moi une fois le tir d’Alex. BAOUM! Le coup part et les animaux s’enfuient! « Retire!! »… BAOUM! Je ne vois plus l’animal que Alex tire et c’est le moment que choisi Anthony pour me passer sa carabine! « Vas y Franck il y en a un qui remonte!! » En effet en levant les yeux des jumelles je vois un superbe Ibex remonter le pierrier devant … je me saisi de la carabine, les animaux semblent perdus et cherchent d’où viennent les coups de feu! J’épaule « mon » Ibex… « clic! »… le coup ne part pas!! Je réarme aussitôt et c’est le moment que choisi l’animal pour redémarrer son ascension… il va disparaître derrière la crête dans un instant si je ne tire pas. Sous le coup de l’adrénaline je ne réfléchis pas vraiment et tente ma chance ! La croix en grossissement 4 est positionnée sur l’épaule de mon animal, le suit, remonte vers le cou… BAOUM !! Il est séché sur le coup et commence à dévaler la pente !! Quelle émotion! Quel soulagement de le voir dévaler la pente dans une série de pirouettes impressionnantes! Je reprend mes jumelles pour le suivre et le voit disparaître derrière une dépression de terrain… je mesure la distance de l’anschuss: 137m!
Anthony me tape sur l’épaule, le guide kirghize me serre chaleureusement la main et me félicite pour ce tir !
Je suis mêlé entre joie et retenue car Alex, lui n’a pas eu cette chance et semble avoir loupé le sien…. la vidéo montrera qu’effectivement lors de son positionnement il s’est mis devant une branche de genévrier qui a dû dévier sa balle !
Nous descendons tous ensemble vers l’anschuss et découvrons mon animal… un superbe mâle de 8-10 ans de près de 1m ! Quelques photos sont prises sur le vif et nous descendons vers la vallée par le pierrier. Je suis épuisé et proche de l’hypoglycémie. Les nausées se font sentir et j’ai du mal à redescendre mon animal jusqu’en bas…
De nouvelles photos sont prises et nous nous dépêchons de rejoindre les chevaux pour aller poser notre campement pour la nuit…
Je suis fourbu et suis allé au bout de moi même sur cette chasse … Alex aura une autre occasion le jour suivant et la dernière journée nous permettra de revenir au campement de base après de multiples péripéties … notre organisateur s’inquiétait de ne pas nous voir revenir et s’apprêtait à venir nous faire rechercher …
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