La viande de gibier à l’honneur : avantages, défis et impact sur l’avenir de l’alimentation
Comment se débarrasser des déchets de la chasse et surtout de ceux des sangliers ?
- Julien Barraquand
- avril 2, 2017
DECHETS DE SANGLIERS :
TOMINU A LA POINTE EN CORSE !
La solution pourrait venir des fosses maçonnées que la Fédération a décidé de subventionner.
Cette saison a vu se réaliser la première fosse maçonnée digne de ce nom pour traiter tous les déchets issus du dépeçage des sangliers. Il revient à la société de chasse de Tominu et à son Président Paul Geronimi l’honneur d’avoir construit et géré d’une manière exemplaire ce type d’installation qui résout, dans les communes où les chasseurs sont décidés à prendre ce problème au sérieux, le gros problème du traitement des peaux et des tripes de sangliers. Pour moins de 1500€ (subventionnés à 80% comme pour toutes les sociétés de chasse!) le Président Geronimi a voulu aussi que son installation puisse servir d’exemple et il s’est dit prêt à montrer aux intéressés sa réalisation qui devrait permettre, grâce à la chaux vive, de traiter une centaine de sangliers par an.
Comment fonctionne t’il ?
Il s’agit donc d’une construction de parpaings et de ciment avec deux dalles pour le fond et le toit qui doivent être suffisamment étanches (aucun fluide ne doit se retrouver dans la nature). La « bâtisse » faite ici présente une longueur de 2,44 m sur 2,00 m de largeur et 1,20 m de hauteur (toit-dalle en légère pente inclus). Trois à cinq trous d’environ 8 cm de diamètre (tuyaux) à 80-90 cm de hauteur sont créés sur chaque mur, ils doivent permettre l’oxygénation indispensable de l’intérieur pour que la chaux puisse y faire son effet. Deux trappes horizontales sur le dessus permettent d’y verser les restes de dépeçage (peaux, têtes, tripes) et deux trappes verticales, positionnées sur deux angles diagonalement opposés, permettront d’évacuer les restes après décomposition. Sur une largeur un petit espace fermé permet d’y enfermer tout le matériel nécessaire (sacs de chaux, gants, masque, etc.) et sur l’autre largeur à l’opposé ce sont les escaliers pour se rendre sur le toit qui ont été construits. Toutes les portes doivent fermer à clé (cadenas) pour plus de sécurité en raison de la présence de chaux vive. Cette matière est en effet dangereuse si elle n’est pas bien manipulée et elle fait l’objet d’une vente réglementée. Pour les sociétés de chasse il suffira que la personne désignée pour son achat soit indiquée à la Fédération, laquelle préviendra le commerçant (Canico à Casamozza) qui pourra la vendre à cette personne à chaque fois qu’elle en aura besoin. Les expériences vues hors de Corse semblent indiquer que pour une telle installation près d’une centaine de sangliers peuvent être traités chaque année, mais les remontées des projets futurs nous permettront d’être plus précis. Il ne fait cependant aucun doute que la longueur de cette construction pourrait être parfaitement poussée à 3,00 m (au lieu de 2,44 m), le côté le plus petit devant lui rester à 2 mètres. Dans ce cas il sera sans doute opportun de faire 3 trappes bien réparties sur le toit et non 2, car le but est bien de pouvoir étaler les déchets au maximum sur la surface au sol.
Le principe du fonctionnement de cette installation est le suivant: avant de verser les déchets par une trappe supérieure, on crée une couche de chaux vive sur la partie du sol où on compte mettre les déchets. On veillera bien entendu à choisir ces emplacements d’abord sur les côtés pour finir en fin de saison au milieu de la structure. On verse ensuite directement à l’aide d’une poubelle en plastique les déchets qu’on étale au maximum, et, si possible, les peaux en premier poils vers le sol, la tête et les tripes bien étalées ensuite dessus et enfin on finit en étalant une bonne couche de chaux vive sur le tout. On dit que le volume de chaux devrait correspondre à au moins 25% du volume des déchets, en pratique la société de Tominu a du utiliser presque 3 kg de chaux par sanglier. La chaux est vendue en sacs de 20 kg. A la veille de la saison de chasse suivante (juillet-août) on va retirer tout la matière par les trappes latérales à l’aide de sortes de grands râteaux. Ce résidu faite de matière organique et de chaux devenue inactive émet peu d’odeur et est parfaitement utilisable pour enrichir le sol (jardin, agriculture) d’après la DDCSPP (anciens services vétérinaires) qui est très favorable à la généralisation de ces fosses cimentées.
Bien que ce type de structure dégage assez peu d’odeurs (plus il y de chaux moins ça sent), il est vivement conseillé de ne pas la réaliser trop près d’habitations, ni sur les bords d’un cours d’eau ou pire sur un captage d’eau! L’idéal serait naturellement de la réaliser sur le site même où les sangliers sont habituellement dépecés, ou non loin sur son trajet. L’accès en véhicule apparaît indispensable. M. Geronimi nous explique que n’ayant pas des talents de maçon il a fait faire le bâti à un professionnel et il s’est occupé du reste. Le tout ne lui a coûté que près de 1500 € et la Fédération après contrôle lui a versé pour cette opération encore (trop) rare la subvention que sa société a demandée et qui correspond à 80% de cette dépense hors-taxe.
Le conseil d’administration fédéral a décidé qu’à partir de 2017 ce type de travail rejoindra la liste exhaustive des opérations d’amélioration de la chasse éligibles à subventions.
Mais il faut bien entendu, et comme toujours, que toute société souhaitant effectuer un ouvrage semblable s’adresse absolument d’abord au service technique de la Fédération qui devra voir avant le site et s’entretenir avec les chasseurs des détails du projet.
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