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La toute première pose de Emeric Lepretre

Ma toute première pose d’oies, je l’ai connu un soir d’octobre 2015, dans les marais de la Haute Somme.

Ce magnifique marais qui s’étend de Corbie à Péronne en passant par Bray-sur-Somme, je l’ai découvert il y a 3 ans après que mon ami M.G originaire de la région, m’ai invité à plusieurs reprises afin de  me faire découvrir et partager sa passion pour la chasse du gibier d’eau.

 

Mon ami et moi-même, nous sommes rencontrés par le biais d’une connaissance et depuis ce-jour, une véritable amitié s’est nouée autour de plusieurs passions communes et notamment celle de la chasse.

Etant originaire de la côte d’opale, j’ai cotoyé depuis ma plus tendre enfance « ché cacheux de l’baie d’canche ».

Cotoyé est un bien grand mot, je les regardais juste partir et rentrer de leurs escapades et j’imaginais les déboulés de canards, le chant des appelants et les poses tant attendues.

Malheureusement dans la famille, on ne chassait pas. Cette affirmation n’est pas tout à fait exacte car mon grand-père avait chassé pendant de nombreuses années avant de raccrocher le fusil au détriment du bâton de traqueur.

Il était également garde en forêt d’Hardelot et c’est naturellement que je l’accompagnais tous les dimanches et pendant les vacances scolaires.

C’est donc à 16 ans que j’ai décidé de passer le permis de chasse et ce ne fût que quelques années plus tard que je pu me payer ma première action.

Le travail m’obligeant à migrer vers la région parisienne, je me suis retrouvé  piégé au milieu de ce béton à perte de vue, de cette pollution et de la folie humaine.

Que je regrettais ma campagne paisible………..

Il me fallait donc trouver rapidement de l’oxygène car je sentais qu’il ne restait que peu de temps avant que je ne sombre à mon tour dans la folie.

C’est alors que cette  rencontre providentielle avec mon ami M.G évoquée précédemment  me fît sortir la tête de l’eau.

A plusieurs reprises il m’invita à venir passer  une nuit de hutte, et c’est avec enthousiasme que je m’instruisais sur ce nouveau monde qui m’était inconnu, même si j’avais tout de même des notions de ce mode de chasse.

Malheureusement, cette année là, aucune pose n’eu lieu lors de ma présence.

Et un jour de juillet, le téléphone sonna :

– « Salut mon belot, comment va ? Ca te dirait de prendre un tour de hutte avec mon frère et moi ? »

Quelle fût ma réaction ? A ce moment, j’eu l’impression qu’on m’annonçait que je venais de gagner au loto. Et ma réponse fût donc sans appel.

  • « Avec grand plaisir. »

Ca y est, je suis actionnaire à part entière et je vais pouvoir chasser au moins une nuit par semaine, quel bonheur !!!!!

Et voilà, aujourd’hui cela fait 2 ans que j’apprends les ficelles et les nœuds de la chasse au gibier d’eau, et la passion ne fait que grandir.

Ce 21 octobre 2015, restera ma première fois comme il peut y avoir une première fois en amour.

Ce matin là, je reçois un coup de fil de mon ami M.G qui m’annonce que ce soir son frère et lui son invités dans une « bonne cabane ». Je hutterai donc seul.

Je me tâte vraiment à y aller, car ces derniers temps le boulot ne m’épargne pas et la météo est depuis plusieurs jours orientée avec un flux de SO.

De plus cette nuit, pas de vent de prévu et une demi-lune qui se lève tard.

  • « Et puis après tout, ça va me faire du bien de prendre l’air, et si je suis trop fatigué pour veiller, et bien je dormirai »

De nouveau mon téléphone sonna. C’était mon frère qui me demandais si un de ces jours, je pourrais l’emmener passer une nuit de hutte.

En effet, la distance faisant et son emploi du temps chargé, il n’eut jamais l’occasion de m’accompagner.

  • « Ca tombe bien, j’y monte ce soir et je suis seul, viens si tu veux, enfin si tu peux ».
  • « Je suis en vacances, Rendez-vous à quelle heure ? »

Nous nous retrouvons donc en milieu d’après-midi et nous prenons la route. Pendant cette heure et demi de voiture, je ne peux m’empêcher de lui raconter ce qui m’emplie de joie chaque semaine.

Enfin nous voilà arrivé.

Le temps de décharger la voiture, de charger la barque et de traverser les quelques centaines de mètres qui nous séparent de la hutte, nous sommes déjà prêt à atteler les appelants.

N’ayant pas la possibilité de posséder mes propres canards, ce soir on ne mettra que les colverts à l’eau.

En effet, nous avons la chance de pouvoir les laisser dans le marais ce qui nous fait gagner pas mal de temps.

Un petit coup de fil à mon ami pour avoir ses conseils sur la manière d’atteler et il ne faut que très peu de temps pour placer les quelques chanteuses, la dizaine de maillards et les 2,3 demi et cour cri.

Nous sommes prêts pour la passée du soir, mais rien ne viendra troubler le calme qui règne dans le marais. Mis à part le chant des appelants qui s’excitent avant la nuit.

– « Nous ne serons pas seul ce soir, le voisin de derrière est là. »

Il est maintenant l’heure de rentrer et de se préparer pour la nuit.

Une fois dans la hutte, j’explique à mon frère les règles à respecter et je décide qu’on se mette aux créneaux avant de dîner.

Tout est calme, les cannes se sont tut, pas un souffle de vent, le ciel est bouché et la lune ne se lèvera qu’en milieu de nuit.

La visibilité risque d’être difficile, espérons qu’une légère brise se lève.

Maintenant la luminosité s’estompe et il est de plus en plus difficile de distinguer les formes qui sont immobiles sur l’eau.

– « Ca te dit un petit apéro frère ? »

– « Pourquoi pas !!! »

Je quitte la salle de tir pour préparer l’apéritif quand le réveil des  chanteuses m’interpelle.

Mon frère n’étant pas habitué au chant des appelants, je me décide à le rejoindre immédiatement.

– « Tu as entendu les cannes, c’est une attaque, elles forcent, tu n’a rien vu ? »

– « Si j’ai vu quelque chose voler sur ma gauche.Ca venait de derrière, mais je ne sais pas ce que c’était. »

Evidemment qu’il ne pouvait pas savoir ce qu’il avait vu, la pénombre se faisant de plus en plus présente qui plus est pour un novice, identifier un canard ou tout autre espèce était impossible.

Pourtant les cannes ne lâchaient rien et les demi cri s’y mettant à leur tour, je comprenais qu’il se passait quelque chose.

Je rentrais la tête dans les épaules pour essayer d’apercevoir le moindre mouvement dans le ciel, mais rien.

Je pris donc mes jumelles et me mis à balayer l’étendu d’eau de gauche à droite.

A ce moment, je n’imaginais pas ce qui allait se produire.

En arrivant à la hauteur des blettes de droite, mes yeux firent attirés par des « ronds dans l’eau ».Je compris que c’était posé et la première chose qui me passa par la tête fût :

  • « Ce sont des colverts ».

Mais en une fraction de seconde, mon cerveau avait analysé ce que l’œil lui transmettait comme information et il en avait conclu que c’était bien autre chose :

« C’était des oies ».

A ce moment, j’eu une montée d’adrénaline comme jamais je n’en avais eu, et je n’entendais plus que les battements de mon cœur qui s’accéléraient.

  • « J-R !!!!!!!, c’est posé !!!!!!, il y a des oies de posées !!!!!!!».

OK, on respire, on garde son calme et surtout aucuns bruits. C’est bon, elles sont là dans les jumelles, il y en a 1,2,3 et 4.

L’adrénaline est toujours présente, mais l’esprit d’analyse reprend vite le dessus.

  • « Qu’est-ce que c’est comme oies ? »

Je n’en ai aucune idée, il fait trop sombre maintenant et je n’en ai jamais vu de posées.

  • « Elles sont à quelle distance ? »

Environ 50 mètres, trop juste pour les tirer,  il faut changer de cartouche rapidement car je ne m’attendais pas à une telle pose.

  • « J-R, prends les jumelles et ne les perds pas de vu, je reviens. Et surtout aucun bruit ».

Ni une ni deux, je retourne dans la cuisine pour mettre une grosse charge, je vais pouvoir inaugurer mes Xtended. Les cartouches sont vite enfilées et me revoilà aux guignettes.

  • « Elles sont toujours là ? »
  • « Oui c’est bon, elles sont toujours derrière le paquet de blettes »

Je reprends les jumelles et je les observe. Elles sont paisibles, se laissent descendre doucement par le léger courant de la Somme et le remonte tout aussi tranquillement.

Cela fait maintenant 20 minutes que leur petit manège dure .

  • « Et si elles se laissaient emmener par le courant, c’est le voisin de derrière qui serait content !!!!!!!! Il faut vite prendre une décision. »

Ni une, ni deux, je décide de sortir et de les tirer du paillasson qui se situe à l’arrière de la hutte.

  • « J-R, je sors, ne les quittes pas des yeux. »

Je prends beaucoup de précautions pour me fondre dans la nuit et c’est à pas de loup que j’arrive au poste de tir.

Je passe délicatement le fusil au dessus du brise-vue et me redresse afin d’aligner mon œil dans la lunette.

C’est maintenant de la buée qui se forme et il m’est alors impossible de voir quoi que ce soit.

J’attends, je cherche, mais rien !!!!!!! Bon tant pis, je préfère retourner à l’intérieure, on verra bien.

Sitôt rentré, je file dans la salle de tir et inquiet je questionne mon frère :

  • « Elles sont toujours là ? »
  • – « Oui, elles ont dû t’entendre et ont remonté le courant. »

Ouf !!!!! Je suis soulagé.

Je reprends ma place à mon poste d’observation et effectivement, elles ont longé la berge et sont maintenant à une soixantaine de mètre.

L’attente se poursuivra encore une vingtaine de minutes, quand soudain, une des oies décrocha du petit groupe et se mit à nager en notre direction.

Lorsqu’elle  fût à une dizaine de mètre de ses congénères, celles-ci décidèrent de la rejoindre.

A ce moment comme par instinct, je compris.

  • « J-R ça rente, ça rentre !!!!!! Prends les jumelles. »

Je mis alors le fusil avec délicatesse au créneau et à peine avais-je l’œil sur la lunette qu’une oie apparaissait dans le U.

J’avais juste un petit mouvement à faire pour apercevoir les 3 autres qui se rapprochaient de la première.

  • « C’est bon ça !!!!!!! J-R, tu les as, elles ne sont plus qu’à une quarantaine de mètre, tu es prêt ????????? »

A ce moment, je savais que je n’avais pas le droit à l’erreur. J’étais seul à tirer et il ne fallait pas louper ça.

C’est naturellement que je mis la première dans le U et tout doucement les 3 autres vinrent se grouper.

Je compris que c’était maintenant et la main ne trembla pas.

La détonation venait de rompre ce silence si pesant !!!!!!!

Le temps semblait s’être arrêté.

Il ne me fallut surement que quelques dixièmes de secondes avant que je ne puisse voir le résultat,  mais cela me parut une éternité.

L’éclaboussure de la gerbe se dissipant, je distinguais alors 1,2 et :

  • « Il y en a 3, il y en a 3 cria alors le frangin.

Je ne savais plus ce qu’il se passait, j’étais complètement hébété.

Pas de temps à perdre, il fut vite que j’aille voir quelle espèce d’oie j’ai tué. Parce qu’à ce moment, je ne le sais toujours pas, la visibilité étant toujours très difficile.

A peine sorti, que j’entends encore résonner ce chant caractéristique. Celui de celles dont j’avais tant entendu parler lors de récits avec les copains.

C’était celui de la Rieuse.

A ce moment j’étais le plus heureux des hommes et je compris que plus jamais je ne serai le même chasseur.

 

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