La viande de gibier à l’honneur : avantages, défis et impact sur l’avenir de l’alimentation
Un piégeur piégé ….
- Julien Barraquand
- août 4, 2016
Christophe Bellement, 45 ans, piégeur de père en fils, défend l’utilité du métier. Il exprime son incompréhension face aux saccages de pièges.
« Je ne comprends pas. » Christophe Bellement, 45 ans, piégeur à Albert, ne comprend pas que ses pièges installés dans les champs soient saccagés. « Les gens s’imaginent que les piégeurs sont des moins que rien, qu’il ne faut pas piéger les animaux, qu’il faut laisser la nature tout faire. » Christophe Bellement fait partie d’une association de piégeurs, il est agréé par la Ville d’Albert et travaille avec la fédération des chasseurs d’Amiens. C’est un passionné de chasse, d’environnement et de nature.
Le 24 juillet, il a retrouvé son matériel cassé. « L’agrainoir rempli de bled que j’ai fabriqué avec un sceau nourrit les perdrix, les faisans, les pigeons et d’autres animaux. Deux bidons d’eau étaient disposés à côté. La semaine dernière, j’ai retrouvé mon sceau au milieu du champ, arraché, mes deux bidons d’eau balancés. C’est du vandalisme. Je ne comprends pas pourquoi des gens ont fait ça. Mes trappes ont été arrachées et balancées, je les ai cherchées pendant une heure dans les champs de betteraves. Une cage à pie coûte 90 euros. J’aimerais pouvoir rencontrer les auteurs et en parler. Quel est l’intérêt ? C’est mon matériel, je n’ai pas d’assurance. Je fais de la régulation, c’est-à-dire que je capture des prédateurs (pies, renards, corbeaux) pour assurer l’avenir du petit gibier (perdrix, faisan, lièvre). »
« Les gens ne comprennent pas le système de régulation »
Christophe Bellement est convaincu : « les gens ne comprennent pas le système de régulation. Piéger les animaux prédateurs permet la survie d’espèces plus faibles. L a population des corbeaux à Albert est de 200 à 300, c’est trop. Depuis trois ou quatre ans, nous avons une petite population de perdrix, il n’y en a pratiquement plus. Les couvés sont dévorés par les corbeaux. »
« Le mot réguler veut dire beaucoup de choses, ajoute le piègeur. Si certains animaux sont capturés et dans le meilleur cas échangés avec d’autres piégeurs des régions voisines, d’autres n’ont pas cette chance. J’ai pris une pie ce matin, elle s’en va à 13 heures dans le Pas-de-Calais. Mais certains animaux sont détruits, tués proprement. Il faut respecter la dignité de l’animal, ça fait partie du métier du piégeur, nous avons le devoir de les enterrer. Si nous ne faisions rien, il y aurait des animaux partout, cela n’est pas possible, car les animaux sont aussi porteurs de maladies. » Si pies, corbeaux et renards se reproduisent sans problème, ce n’est pas le cas du petit gibier. « Les corbeaux et les pies fabriquent leur nid dans les arbres, les petits grandissent sans être dérangés, mais les perdrix sont des espèces sans moyen de défense, car elles construisent leur nid au sol.
Le problème vient aussi des champs cultivés et de tous les pesticides utilisés pour l’agriculture. L’homme est responsable de ce massacre. Quand il utilise des granulés anti-limaces par exemple : une perdrix qui en mange meurt dans la journée. Je pense qu’il y a eu trop de laisser-aller, il y a trop de pesticides, beaucoup d’aliments sont traités et passent par l’assiette du consommateur. »
Christophe Bellement conclut : « J’espère que les personnes qui ont détruit mes cages à pies liront l’article et se sentiront coupables, qu’elles comprendront l’utilité du métier de piégeur. Et ne recommenceront pas. ».
Article paru dans : Courrier Picard
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