La viande de gibier à l’honneur : avantages, défis et impact sur l’avenir de l’alimentation
Yellowstone doit abattre 900 bisons. La nature ne se régule pas toute seule.
- Denis Plat
- décembre 8, 2021
Le parc de Yellowstone aux États-Unis a annoncé qu’il allait procéder à l’abattage de 900 bisons car ils sont trop nombreux, ils abîment les éco-systèmes locaux et les loups ne les régulent pas…
Trop de bisons à Yellowstone ?
Les responsables de la protection de la faune ont décidé qu’il fallait abattre ou transférer 900 bisons. Ces animaux avaient presque disparu au début du XXème siècle. Ils sont aujourd’hui environ 4000 dans le parc. Comme ils n’ont aucun prédateur naturel et qu’ils ne sont pas chassés (la chasse est interdite dans le parc), ils se multiplient au rythme de 10 à 17% par an. Ce qui entraîne des surpâturages qui nuisent autres espèces et peuvent en conduire certaines à la famine. Contrairement à ce que prétendent les adeptes du ré-ensauvagement, le loup n’est pas la solution. Il ne s’attaque pas aux bisons car ceux-ci sont un peu trop « costauds » pour lui.
De plus, les bisons sortent du parc et s’approchent des troupeaux des éleveurs du Montana. Ceux-ci craignent la contamination de leur bétail par la brucellose que pourraient amener les bisons. Les autorités américaines ont donc décidé l’abattage de 900 d’entres eux. Ce n’est pas le seul exemple de ce genre de surpopulation dans les parcs américains. Nous nous en faisions l’écho en mai dernier.
Lire aussi : Une chasse aux bisons dans le grand canyon.
Le mythe du loup de Yellowstone qui change les rivières
Yellowstone est le deuxième plus grand parc naturel américain. Créé en 1872, il a une superficie de 898 300 hectares, ce qui est plus étendu que la Corse. Outre ses fameux geysers, on y trouve de nombreux grands mammifères, comme des ours noirs, des grizzlys, des coyotes, des loups, des orignaux, des cerfs ou encore des troupeaux sauvages de bisons et de wapitis.
Les loups avaient disparu depuis les années 30 ; ils ont été réintroduits à partit de 1994. Ce qui n’a pas eu les résultats escomptés, c’est le moins que l’on puisse dire. D’autant plus que les loups introduits n’étaient pas la sous-espèce originelle de la région. Ils venaient du Canada et avaient des habitudes alimentaires différentes.
Certains ont fait circuler l’idée que la réintroduction des loups dans ce parc allait être un miracle. Ils sont allés jusqu’à prétendre que le loup avait influé sur tous les maillons de l’éco-sytème local, allant même, par une cascade de causes-conséquences, jusqu’à faire retrouver aux rivières leur cours naturel. C’est ce que l’on appelle la « cascade trophique« . Ce récit vient d’un groupe de chercheurs qui n’a jamais mis les pieds à Yellowstone et il est bien sûr démenti par tous les spécialistes sérieux. De plus, au bout de 25 ans de présence, le loup a presque décimé certaines espèces sans s’attaquer aux bisons. Cela rappelle furieusement la presque disparition des mouflons dans de nombreux massifs alpins à cause des loups miraculeusement réapparus.
—> Les loups de Yellowstone : une (trop) belle histoire naturelle !
D’autres ré-introductions à Yellowstone tout aussi catastrophiques
Voici un autre exemple de ré-introduction catastrophique menée par des apprentis sorciers. On a introduit la truite grise (ou omble du Canada) dans les rivières du parc. Or celle-ci mange la truite fardée qui est l’aliment favori des ours. La truite grise, contrairement à la truite fardée, vit en eau profonde ; les ours ne peuvent donc les pêcher facilement. Faute de poisson à se mettre sous la dent, le grizzly se rabat sur les wapitis qui sont déjà menacés par la surpopulation de loups. L’ours ne chassait que 10% des wapitis dans les années 80, on estime qu’il est maintenant responsable de la disparition de plus de 40% de ces herbivores.
Encore une triste histoire de bourde écologique commise par des amateurs. Ils ressemblent fortement à ceux qui prônent la cohabitation avec le loup et l’ours dans nos provinces françaises… L’homme ne peut pas jouer aux apprentis sorciers avec les espèces et les éco-systèmes. C’est malheureusement le cas lorsque l’on donne la responsabilité de gérer la nature à des personnes qui sont plus dogmatiques que scientifiques. Rappelez-vous la déclaration de madame Pompili après l’arrêt du Conseil d’État interdisant le glu : « une avancée pour la biodiversité ».
—> Les prédateurs en question à l’Assemblée nationale
—> Le loup indirectement responsable des incendies du Haut Var ?
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